Gil Scott-Heron, une légende oubliée : épisode • 5/5 du podcast Back to Black, 5 légendes de la musique noire américaine

Gil Scott-Heron en concert en 1977. ©Getty -  Tom Copi/Michael Ochs Archives
Gil Scott-Heron en concert en 1977. ©Getty - Tom Copi/Michael Ochs Archives
Gil Scott-Heron en concert en 1977. ©Getty - Tom Copi/Michael Ochs Archives
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Artiste noir-américain érudit, il est une figure à part. Musicien, poète et romancier, il est aussi un citoyen noir américain engagé et est considéré comme le précurseur du rap. Il a notamment influencé de nombreux musiciens issus du mouvement "Spoken Word".

" Moi, je ne suis qu'un pianiste du Tennessee qui écrit, voilà tout !

Même si je me suis engagé à travers mes textes, je n'ai adhéré à aucune organisation politique. Plusieurs groupes se chamaillaient sans cesse gaspillant l’énergie qu’ils auraient pu mettre au service de la communauté. 

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"Une chose est sûre, j’ai joué pour tous ceux qui tentaient d’agir en faveur des Noirs. Là-dessus, on peut toujours compter sur moi. "

S’il y a une chose à laquelle je crois, c’est qu’on peut toujours changer les choses, à condition d'être unis."  (Gil Scott-Heron)

Nottingham (Angleterre). Début des années 90.

Un jour chez un disquaire un ami me tend un double album et me dit :

"Tiens, écoute ça, ça devrait te plaire !"

De retour chez moi, à peine le disque dans la platine, la voix grave, chaleureuse, enveloppante de Gil Scott-Heron s'échappe des enceintes et me laisse comme en apesanteur. On ne remercie jamais assez ses amis !

Au fil du temps, je découvre que ce chanteur à la voix fragile et délicate enrobée d'arrangements raffinés, est aussi un poète engagé et un romancier. Artiste noir-américain érudit, il est une figure à part. A travers ses textes, mordants ou poétiques, Gil Scott s'attelle à dénoncer la condition des noirs et la misère des ghettos, la guerre du Vietnam, les complexes militaro-industriels, les travers de la politique américaine, le nucléaire et les ravages de l’alcool ou des drogues (dont il sera à son tour victime).

Paris - 2001

Gil Scott-Heron s'apprête à donner un concert sur la petite scène du New Morning à Paris. De mon côté, je me suis mis en tête de parvenir à obtenir une interview, un défi tant ses apparitions médiatiques sont rarissimes.

L'un de ses musiciens, un saxophoniste d'origine africaine avec qui j'ai sympathisé me promet de m'aider à condition de trouver quelque chose pour Gil. Je ne saisis pas bien où il veut en venir. Il se fait plus explicite : de la coke, mon gars ! Mon héros cocaïnomane ! Je tombe des nues. Et moi qui rêvais de réaliser un documentaire sur lui, la relation démarre mal. En tout cas, une chose est sûre, il est hors de question que je joue ce jeu-là.

A la fin du concert, on m'annonce finalement que Gil m'attend dans les loges. Je découvre un homme abîmé par la maladie et la dope, le visage émacié, à moitié édenté, mais l'œil vif et rieur. Le charme de la rencontre est là.

Quelques temps plus tard, alors que je tente de reprendre contact avec son manager, j'apprends que Gil est en prison pour possession de cocaïne. Tous mes espoirs de film tombent à l'eau... End of story !

Gil Scott-Heron s’est éteint le 27 mai 2011, à l’âge de 62 ans, emporté par ses vieux démons, mais aussi par le VIH. Il laisse derrière lui une vingtaine d'albums, deux romans ("Le Vautour" et "The Nigger Factory") et deux recueils de poèmes ("Small Talk" et "Now and Then").

En février 2014 est sortie aux Editions de l’Olivier, "La dernière fête", ses Mémoires inachevés dans lesquels il retrace son enfance, son engagement, ses rencontres artistiques, ses grands concerts…

Vous retrouverez, tout au long de cette émission, des extraits adaptés de son autobiographie et bien sûr sa musique.Voici enfin pour moi l'occasion rêvée de réparer une injustice, en rendant hommage à cette légende oubliée.

Discographie sélective : 

  • Gil Scott-Heron : "Pieces of a man" (Flying Dutchman)
  • Gil Scott-Heron : "Winter in America" (Strata-East)
  • Glory (compilation)
  • "It's Your World" (Live)

L'Exposition à ne pas rater : 

Great Black Music, l'exposition de toutes les musiques noires, jusqu'au 24 août à la Cité de la Musique à Paris.

Michael Jackson, Cesaria Evora, Marvin Gaye, Billie Holiday, Fela Anikulapo Kuti, Aretha Franklin, Bob Marley, Myriam Makeba, Salif Keïta… Ces artistes américains et africains ont marqué l'histoire des musiques populaires au XXème siècle. Du fleuve Congo à Congo Square, de la jungle de Harlem au bitume de Lagos, de l'île de Gorée aux rivages caraïbes en passant par certains quartiers de Londres et de Paris, une multitude de sons, de groove et de mélopées ont peu à peu pris corps et âmes pour donner un sens à l'expression de musique noire. Dans les années 1960, un groupe de musiciens, l'Art Ensemble de Chicago décide de nommer cette tradition retrouvée la "Great Black Music".

Ferment d'une identité commune, panafricaine, elle se déploie depuis deux siècles en de multiples allers et retours de part et d'autre de l'Océan Atlantique.

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