Pourquoi Sigmund Freud n'a-t-il jamais reçu le prix Nobel ?

Sigmund Freud dans son bureau, à Vienne (Autriche), en 1930. ©Getty - brandstaetter images
Sigmund Freud dans son bureau, à Vienne (Autriche), en 1930. ©Getty - brandstaetter images
Sigmund Freud dans son bureau, à Vienne (Autriche), en 1930. ©Getty - brandstaetter images
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Comment expliquer que malgré douze candidatures de Freud, aucune n'ait été examinée par le comité Nobel ? La transgression d'un modèle d'excellence, érigé en norme, a-t-elle compté davantage que l'influence de ses travaux sur le monde intellectuel et scientifique ?

L'attribution du prix Nobel dans les disciplines scientifiques n'entraîne généralement aucune polémique publique, même si, parmi les spécialistes, les choix font rarement l'unanimité. Mais on a pu voir, à l'automne 2022, que l'attribution du prix Nobel de littérature à Annie Ernaux avait suscité beaucoup de critiques dans les médias. La différence s'explique par le fait que les commentateurs n'ont pas les compétences nécessaires pour juger la valeur d'une découverte scientifique, alors que tout le monde peut avoir un avis sur la valeur littéraire d'une oeuvre. Aujourd'hui, prenons l'exemple d'un personnage célèbre qui a été douze fois candidat à ce fameux prix, sans jamais l'obtenir. Il s'agit de Sigmund Freud.

Candidatures et refus

La tradition veut que le comité Nobel envoie des formulaires confidentiels aux personnes compétentes et qualifiées pour proposer des candidatures. C'est une première sélection que Freud franchit avec succès à douze reprises. Il fut proposé au prix Nobel de médecine dès 1915 et sa candidature fut présentée constamment au cours des années suivantes par diverses personnalités. Mais il ne franchit pas le deuxième obstacle, celui de l'avis préliminaire car celui-ci fut toujours négatif. C'est pourquoi sa candidature ne fut jamais examinée par les membres du comité Nobel.

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La raison de ce refus peut se résumer en une phrase : il n'était pas avéré que les travaux de Freud aient une quelconque valeur scientifique. Elisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse, a montré que même si le complexe d'Oedipe n'avait jamais été prouvé scientifiquement, l'oeuvre de Freud avait joué un rôle essentiel dans les progrès de la psychiatrie car, avant lui, la quasi totalité des praticiens "considéraient la femme hystérique comme une folle, l'enfant masturbateur comme un pervers et l'homosexuel comme un dégénéré". (...)

Bibliographie :

L'Atelier du pouvoir
55 min

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