Une coupe du monde sous le feu des projecteurs / Les conséquences de la politique du zéro covid en Chine

: Des supporters déploient une banderole appelant au boycott du mondial/Les employés de Foxconn manifestent contre les restrictions sévères liées au covid ©AFP - AFP
: Des supporters déploient une banderole appelant au boycott du mondial/Les employés de Foxconn manifestent contre les restrictions sévères liées au covid ©AFP - AFP
: Des supporters déploient une banderole appelant au boycott du mondial/Les employés de Foxconn manifestent contre les restrictions sévères liées au covid ©AFP - AFP
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Un début de révolte en Chine contre la politique zéro Covid, avec pour la première fois des cris hostiles au régime et à son président Xi Jinping à Shanghai. Et le Qatar au centre du monde, pour le meilleur : le prestige d’un événement planétaire. Et pour le pire : un coup de projecteur désastreux.

Avec
  • Thomas Gomart Historien des relations internationales, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
  • Christine Ockrent Journaliste et productrice de l'émission "Affaires étrangères" sur France Culture
  • Daniel Cohen Économiste et directeur du département d'économie de l'École normale supérieure, Président de l'École d'économie de Paris
  • Aurélie Filippetti Femme politique, romancière, ancienne ministre de la Culture dans les gouvernements Ayrault puis Valls

Et si cette coupe du monde de foot finissait par se retourner contre le Qatar ?

Il y a 10 jours, à la veille de l’ouverture du Mondial, Emmanuel Macron avait expliqué qu’il ne fallait pas "politiser le sport". Samedi 26 novembre, à la mi-temps du match France-Danemark, le président français a invité à "préserver l’esprit du sport qui doit rester un espace de rapprochement des peuples, autour de valeurs universelles". Mais il a aussi - dans un 2ème tweet - insisté sur les "changements concrets" à l’œuvre au Qatar, et dont témoigne selon lui cette Coupe du monde, la première organisée dans le monde arabe. "Le Qatar peut compter sur notre soutien" conclut le chef de l’Etat. Ce micro-état, grand comme la Corse, mais posé sur une immense poche d’or bleu, la 2ème réserve mondiale de gaz naturel… Qui abrite 2 millions et demi d’habitants mais seulement 300 000 nationaux, parmi les plus riches et les plus gros émetteurs de Co2 : 45 tonnes par an et par habitant, 6 fois la Chine. Qui n’est indépendant que depuis 50 ans…

Le Qatar a connu une ascension fulgurante, à la mesure de sa "diplomatie du carnet de chèques" jusqu’à obtenir il y a 12 ans, à la surprise générale, l’organisation de cette Coupe du monde de football. Dont la finale aura lieu le 18 décembre, fête nationale de l’Emirat. Et date anniversaire de l’accession au trône de cheikh Jassim, considéré comme le père fondateur du pays le 18 décembre 1878. Le Qatar s’est aussi acheté la complicité de la FIFA, la fédération internationale de football. Qui interdit toute expression politique depuis le début du Mondial. Et notamment le brassard "One love" prônant l’inclusion et la diversité. Dans un pays qui emprisonne ses homosexuels. Brassard tout de même brièvement porté en tribune officielle par la ministre allemande de l’Intérieur, pendant que les joueurs allemands mimaient un bâillon sur leurs bouches, pour leur 1ère photo officielle d’avant-match.

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Une révolte inédite en Chine

Contre la draconienne politique zéro Covid maintenue par le régime chinois, voilà des semaines que les protestations se multiplient. Mais ce qui s’est passé il y a quelques heures dans le centre de Shanghai est tout à fait exceptionnel. Des centaines de jeunes gens se sont rassemblés aux cris de "Xi Jinping, démission !"  ou encore "A bas le Parti communiste !"

Chinois en colère contre une politique qui n’en finit pas d’entraver leur vie quotidienne. A l’origine le rassemblement devait rendre hommage aux victimes d’un incendie qui a fait dix morts jeudi à Urumqi, la capitale du Xinjiang . Un drame qui résulte de l’absurdité de la stratégie zéro Covid : les secours ont été bloqués en arrivant sur place en raison des restrictions sanitaires. La veille, les habitants d’Urumqi avaient été les premiers à montrer l’exemple au reste de la Chine. Avec des milliers de manifestants bravant le confinement. Depuis le début des confinements, à Wuhan, il y a bientôt trois ans, aucune ville ne s’était soulevée massivement contre les restrictions qui lui étaient imposées. Ce matin, plusieurs centaines d'étudiants de la prestigieuse Université Tsinghua à Pékin ont pris le relais.

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